Le Classico

Aujourd’hui s’est disputé le Classico, match opposant le Barça au Real Madrid, un événement qui captive l’Espagne, et qui est regardé à la télévision par près de 100 millions de personnes dans 185 pays. 

Le match d’aujourd’hui devait être joué au mois d’octobre, le dimanche suivant la sentence contre les leaders indépendantistes emprisonnés, et avait été reporté en raison de la tension et des manifestations. 

Bien sûr, les indépendantistes (comme ils le font depuis longtemps avec le FC Barcelone), ont cherché à se servir de la tribune exceptionnelle que leur offre le club étoile catalan. Le Tsunami Democràtic, qui pilote la mobilisation de manière très efficace et anonyme depuis octobre, avait promis un important événement visant à attirer l’attention des médias. Une revendication-clé, exprimée en anglais, afin de parler à l’opinion publique internationale : « Spain, sit and talk. »

Dès le début du match, des bannières ont été déployées et les drapeaux indépendantistes ont flotté dans les tribunes comme c’est le cas à chaque match. Puis, à quelques minutes du début de la deuxième mi-temps, une pluie de ballons jaunes (couleur du mouvement visant la libération des prisonniers politiques) a interrompu le jeu quelques instants.

À la télévision, on ne verra que la fin de l’incident, quelques ballons à peine. Pendant près de cinq minutes, en boucle, les images des plus récentes séquences de jeu ont masqué l’essentiel du moment militant. Le Tsunami reconnaîtra peu après ne pas avoir atteint l’objectif voulu. 

Je n’en suis pas si certain.

J’ignore ce qui se disait sur la chaîne espagnole, mais sur la chaîne anglophone de BeIn Sports, les commentateurs ont cherché à expliquer la situation, en rappelant la raison du du report du match, en soulignant que la mobilisation d’aujourd’hui avait été annoncée et planifiée, en partie. Que tout était pacifique.

Puis, l’un d’eux a souligné que les sifflements de la foule pouvaient peut-être aussi viser Valverde, le coach de l’équipe que plusieurs veulent voir partir.

Cinglante, sa collègue, au cœur de l’action sur les lignes de touche, lui a rappelé que le slogan des manifestants ne faisait aucun doute sur leur requête : ils demandent la libération des prisonniers politiques et le dialogue avec l’Espagne.

Quelques instants plus tard, le jeu a repris, et la foule a recommencé à scander pour son équipe, en entonnant par-ci, par-là, quelques-uns des slogans qui, depuis 10 ans, font partie de la culture manifestante catalane. Une culture pacifique, faite de résilience et de solidarité. 

Llibertat Presos Polítics. Els carrers seran sempre nostres. I-Inde-Independencia. …