Ainsi, ce 4 septembre au soir, les Québécois auront fait leur choix.
Le manque d’envergure de nos politiciens aggloméré à des habitudes qu’ils ont héritées de leur trop grande proximité de l’écran télé fait de leur discour des exemples d’étroitesse.
Je dis “manque d’envergure”, mais je me trompe. C’est de manque d’altitude dont il s’agit. Car de l’envergure, ils en ont ; pour se hisser au sommet de la montagne politique, ils doivent apprendre à se gonfler comme les baudruches qu’ils sont. Mais d’altitude, point. Le parlement ne trône que sur une colline.
Pour arriver au sommet, ils ont écrasé et tassé ceux qui se dressaient sur leur chemin. Ainsi seulement peuvent-ils voir mieux aisément le sommet de la colline qui s’applannit toujours un peu plus.
Pourtant. La politique ne demande-t-elle pas une grande altitude ? La hauteur, n’est-ce pas la seule manière de constater l’état des multitudes ?
Ce 4 septembre, on nous rappellera que les Québécois ont choisi. On nous racontera ce que nous avons choisi.
Après tout, on sait ce que les gens veulent, on doit bien savoir ce qu’ils ont voulu en nous élisant ! C’est la simpliste idée de l’étroite politique qui est nôtre.
Une bien étrange économie des idées et des projets sociaux. Raréfier les idées pour mieux en contrôler la valeur. Les simplifier pour mieux les maîtriser, mieux les distribuer. La multiplicité et la nuance, qui demandent temps et grandeur, ne sont pas les alliées de la politique moderne.
On nous racontera que « nous avons compris le message », que « nous saurons entendre vos désirs », aplanissant en un même abrutissement toutes les volontés plurielles qui motivent nos actions… Transformant du fait même notre choix-le-moins-pire en un choix volontaire et confiant.
Me faire prêter de telles intentions me dégoûte et m’insulte.
Je ne suis pas de la majorité silencieuse qui à force de se faire taire a aussi tu ses convictions et s’est magasiné une identité toute faite sur un canal spécialisé, ou une radio fielleuse.
Pourtant, il faudra un terrible séisme politique pour qu’on cesse un jour de jouer à l’oracle de nos ambitions politiques. Les partis sont à l’image même de cette pratique lénifiante. Ils ne visent pas à être la place du débat des visions et de la confrontation des idéaux ; ils cherchent les lignes simples, les visions concises et accrocheuses, les clips et les slogans qui s’arriment le mieux aux machines médiatiques qui n’ont pas vraiment le sens et les moyens de la profondeur que nécessitent les idées et le débat véritable que mérite l’avenir de notre société.
À savoir laquelle des machines politique ou médiatique a imposé ce mode, je n’ose me prononcer ; à quoi cela servirait-il anyway. Les journalistes ont-ils la capacité (pratique et intellectuelle) de plonger assez loin dans les idées afin de dégager la nature véritable des enjeux qui devraient être au cœur de notre agir politique ? J’en doute. Les politiques eux-mêmes n’ont pas cette capacité. On ne la leur demande pas vraiment, d’ailleurs. On ne semble pas tant choisir les meilleurs visionnaires que les meilleurs visages pour mettre sur des poteaux. Dites-moi le contraire et je vous parlerai de Louis Bernard.
De leurs membres, les partis ne s’attendent qu’à ce qu’ils relaient leur discours, sans aspérité possible à l’atone parole du parti. Une fois négociée, adoptée, « la ligne » doit être suivie. La nuance démocratique des orientations du parti, plaçant les membres à la base du processus, s’étiole avant même que ces lignes soient couchées sur le papier de la plateforme. Et ces engagements, promesses, visions, ambitions qui fondent les orientations que tout parti politique nous offre durant une campagne électorale ne sont bien trop souvent que vagues slogans dont la portée sociale est aussi mince que le papier des journaux qui les portent au pinacle du soit-disant débat sur notre avenir commun.
Où sont-ils ces politiciens qui ancrent leurs projets d’avenir dans l’héritage d’un savoir universel et qui savent englober toutes les divergences dans leur action qu’ils font collective ?
Existent-ils seulement ?