De ma colère du monde

Il y a en moi deux forces qui se combattent.

L’une a l’énergie des torrents qui alimentent les turbines de ma colère. Une rivière riche en passions qui ne cherche que le bon lit où déborder enfin et arroser de toute mon indignation la forêt d’inepties qui l’entoure. L’autre, sourde et grondante, se répète comme un refrain, « mourir pour des idées, d’accord, mais de mort len-ente ».

Et par ce combat sans cesse s’infiltre en moi une insidieuse bile, un malaise insistant qui corrode ma volonté, attise ma lassitude. Une sorte de misanthropie générale croît et croît sans cesse. Ostie que j’hayis « le monde ».

La pédante ignorance qui régit le bonheur semi-préfabriqué, semi pré-digéré, le semi bonheur du « vrai monde » m’écœure. S’accrochant à la peur de l’autre comme seule manière de vivre, son le refus de la différence ne vient que de ce qu’elle lui fait miroiter l’état de son mal-être. La peur de tout, l’immobilisme, l’égocentrisme. « Le monde » m’énerve.

Je ne sais plus comment le dire. Je ne sais plus ce qu’il reste à dire.

Les mots pendent impuissant devant tout l’abêtissement du monde.

La révolte comme l’assujettissement me semblent équivalents : ils se noient perpétuellement dans l’immensité du gouffre de l’indifférence, de la gloire de l’ignorance, de l’absence de nuances.

Puis, je vois parfois la masse perdre sa face. Se décomposer. Devenir ce qu’elle est vraiment : plurielle. Nuancée. Diversifiée. Complexe.